Pourquoi travailler les armes en Aïkido ? 2

Cet article doit se lire comme un complément aux réflexions que j’ai déjà partagées dans mes articles Pourquoi travailler les armes en Aïkido (écrit en 2013) et Sortir du labyrinthe des mains (écrit en 2022).

Ce sont à la fois ce montage vidéo de Maître Zenya KUNII et la retranscription de cet entretien avec Maître Minoru INABA (daté de 2016) qui m’ont donné l’opportunité de les présenter conjointement et de les commenter.

Pour le situer historiquement, KUNII Senseï (1894-1966) est le 18e chef de l’école d’arts martiaux Kashima Shin Ryu. INABA Senseï, né en 1944, Maître d’Aïkido et de Kenjutsu, a appris le style Kashima Shin Ryu en étant l’élève de KUNII Senseï à la fin de sa vie. C’est à leur tour auprès de lui que Christian TISSIER Shihan et Lilou NADENICEK Shihan ont appris ce travail de sabre lors de leur formation au japon au début des années 1970. Quand  nous étudions quelques-uns des katas de base de Kashima Shin Ryu au sein de Neko Aïkiclub, ils nous ont été enseignés par cette filiation.

A ma connaissance, Maître KUNII n’était pas du tout lié à l’Aïkido ni même au Daïto Ryu (la principale école de Jujutsu ancien qui est à l’origine de l’Aïkido au XXe siècle). Pourtant vous verrez dans le documentaire que les quelques techniques à main nue que KUNII Senseï exécute ressemblent, « respirent », exactement comme des techniques d’Aïkido et que tous ses déplacements de corps et de mains sont les mêmes que ceux de l’Aïkido.

L’entretien avec Maître INABA permet de comprendre cela de manière pragmatique : « En réalité, la bonne pratique du budô résulte de l’étude des manières de se mouvoir que l’on peut observer dans la grande diversité des techniques martiales, telles que la lance ou le bâton. […] les techniques que l’on y répète [en Aïkido] proviennent historiquement de mouvements de sabre, que l’on peut aisément identifier, tant par les placements du corps que par ceux des mains. […] lorsque les armes sont employées, les pratiquants sont autrement plus attentifs à ce qu’ils font et on observe immédiatement une plus grande justesse technique dans leurs mouvements, ce qui est moins vrai à mains nues. Sans arme, beaucoup de pratiquants se relâchent et oublient le sens originel des mouvements caché derrière ces techniques de corps à corps. ». Mon Maître, Lilou NADENICEK Shihan, montre et explique sans cesse la même chose et je le fait également aux pratiquants de Neko Aïkiclub. Il est sans doute utile de continuer à le faire pour transmettre et partager l’Aïkido en tant que Budo.

Dans cet entretien, le lien qu’INABA Senseï fait avec ses propres pratiques de natation et de ski se rencontre plus rarement chez des Maîtres d’arts martiaux. C’est également ce que je ressens, pour ce qui concerne ces deux activités. Plus largement, je pense que l’Aïkido est la pratique complémentaire idéale de toutes les activités physiques de pleine nature et de plein air.

Je me permets donc de compléter ce propos de Maître INABA : « En ce qui me concerne, mon conseil est le suivant : bien sûr, pour être souple et pour se détendre, on peut pratiquer le sabre. Mais c’est sa pratique combinée avec l’aïkido qui mène réellement à l’épanouissement physique et moral. […] L’autre rôle du budô est d’apprendre à dépasser [les] réactions de peur ou de rejet afin de vivre en se connaissant et en connaissant ce qui nous entoure. Il apprend à être disponible. » Profitons de cet épanouissement physique et moral et de ce dépassement de la peur pour vivre, skier, nager en mer, courir, rouler à vélo, surfer, marcher en forêt, nous connaitre et connaitre ce qui nous entoure.

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